lundi 19 octobre 2009

Journée d'Hommage à Eva de Vitray Meyerovitch

Les amis d’Eva de Vitray Meyerovitch, regroupés en association depuis le printemps 2009 souhaitent organiser une journée d’hommage en mémoire ce cette islamologue parisienne (1909 – 1999). Licenciée en Droit, docteur en Philosophie, chercheuse au C.N.R.S. dont elle dirigea le service des Sciences Humaines, traductrice et écrivain, Eva de Vitray-Meyerovitch publia au total une quarantaine d’ouvrages.

Elle fit notamment connaitre à un large public francophone l’œuvre de Muhammad Iqbal et, par lui, du grand poète persan Rûmî. Elle est également devenue une spécialiste avertie du soufisme.

Amie d’hommes remarquables comme Irène et Frédéric Joliot-Curie, Louis Massignon, Theillhard de Chardin, Germaine Tillion, Amadou Hampaté Ba, Najm oud-din Bammate ou le fils de Muhammad Iqbal, elle fut honorée dans plusieurs pays pour sa contribution à une meilleure connaissance des traditions spirituelles. Elle fut aussi la première femme invitée à enseigner à l’université d’Al-Azhar au Caire.

A travers cette journée d’hommage, nous voudrions inviter les personnalités qui l’ont connue ou qui l’ont étudiée afin de témoigner de son parcours remarquable. Dialoguer autour de son œuvre et de ses idées.

Depuis décembre 2008, son corps repose à Konya (Turquie) à proximité du mausolée de Rûmî, cet événement symboliquement important nous a fait prendre conscience qu’il était important de lui rendre hommage en France.

L’œuvre d’Eva de Vitray-Meyerovitch a largement contribué au rapprochement entre Orient et Occident. Ses nombreuses missions au Maghreb, Koweit, Arabie Saoudite, Iran, Turquie, Soudan … témoignent de la fécondité du dialogue des cultures.

lundi 23 février 2009

Discours de Yildiz AY à Konya pour le transfert du corps de Eva

Bismillah Ar-rahman Ar-rahim


Chers amis, chers invités,


J’aimerai avant de commencer mon discours, remercier le Centre Culturel Mevlana de Konya, ainsi que la mairie de Konya pour cette invitation. Je suis très heureuse d’être ici parmi vous pour inaugurer ce discours en la mémoire de deux êtres chers : Djallal Ud Din Rumi (Mawlana) et Eva de Vitray Meyerovitch (Hawa).


Le fait de parler de ces deux personnes ne vient pas de ma propre volonté mais de leur Universalisme. Penser Mawlana en tant qu’un grand poète mystique soufi et fondateur de la tarîqa mawlawiya ne me suffit pas pour exprimer sa grandeur à travers l’Islam. Il dépasse même les frontières religieuses. Il est le symbole d’une pensée, d’un amour, d’une tolérance, d’une paix qui s’adresse à toute l’humanité. Mawlana trouve cette inspiration de ces sentiments à travers l’Islam, à travers la culture turque. Il les exprime, les grandit, les offre à l’humanité.


Les conflits actuellement qu’il y a entre les hommes provient de ce manque d’amour, de l’égoïsme, de ne pas donner à l’homme la valeur qu’il mérite. Mawlana trouve les solutions de ces problèmes de l‘être humain à travers sa citation : "Sois tu es comme tu le sembles, sois tu sembles comme tu es". Nous constatons de même dans l’un de ces poèmes le message qu’il transmet et qui prend un sens universel « viens, viens, qui que tu sois viens, …. » Ceci prouve bien l’espoir, l’amour, la tolérance, l’universalisme de l’Islam. Ce qui dirige les humains, c’est l’amour de Dieu qui demeure dans notre cœur.


Aujourd’hui j’aimerai remercier Eva de Vitray Meyerovitch, que la Paix, d’Allah le tout miséricordieux et sa miséricorde la protège, d’avoir transmis les messages de ce grand poète mystique à l’occident et à l’orient. J’ai eu cette immense chance de l’avoir rencontré chez elle, cette brave femme française devenue musulmane et soufi qui se considérait turque de cœur. Je n’avais que 16 ans lorsque je l’ai connu. Je traversais une période floue et difficile concernant ma propre religion. En étant turque et musulmane, beaucoup de questions traversaient mon esprit. Ayant eu l’opportunité d’aller dans une école coranique en turquie, je n’ai jamais compris le pourquoi du comment de mes questions auquel mes parents ne pouvaient me répondre. Je recherchais mon ego, l’intérieur de moi-même, le fond de l’Islam.


Mais je n’avais que 16 ans. Ma chère sœur qui a eu cette occasion de la connaître de plus près grâce au professeur d’histoire de l’université Selcuk , Prof Hasim Karpuz, rendait régulièrement visite à Eva. Un jour elle m’emmena moi et ma mère. Elle nous reçu avec beaucoup d’amour. Je pense que l’ayant vu dans son lit avec son sourire éblouissant, malade et qu’elle m’est prise la main et me donner ce baiser si chaleureux sur ma joue m’a fait comprendre le message qu’elle m’avait transmise. « Ma chère fille, lit moi , lit ton cœur, les réponses a tes questions sont là dans ton cœur » j’avais l’impression que c’était le message qu’elle me transmettait à travers son regard.


Elle était et l’est toujours comme la plus grande spécialiste du soufisme moderne de l’Occident .C’est à travers ses écrits « l’Islam l’autre Visage », « La prière en Islam », « l’anthologie du soufisme », « Konya ou la danse cosmique » et ses traductions « Mathnawi », « Le livre du dedans »(Fihi Ma fihi), «Rubai’yat », que j’ai pu découvrir non seulement le cœur de ma propre religion qu’est le soufisme, et le corps de ma propre religion qu’est l’Islam. C’est par ses écrits que je me suis intéressée à l’histoire de Konya d’ou je suis originaire, et c’est par ses écrits que j’ai pu découvrir Mawlana, ce grand penseur mystique de l’Islam. A travers ses œuvres, on sentait le courage aux préjugés qu’il y avait autour de l’Islam.


Ce qui était marquant c’était de sentir ce don, ses signes qu’elle avait d’attirer des personnages marquant tout au long de sa vie et en particulier un qu’elle a choisit comme son guide spirituel.Eva considérait Rumi comme son maître, mais elle avait quand même un guide spirituel qui lors d’un séjour au Maroc l’avait reçu chez lui la première fois le voyant lui dit « rumi est ici » en montrant l’emplacement de son cœur.


L’amour qu’il y avait entre Mawlana et Shams, sera pour moi comme l’amour qu’il y avait entre Eva et Mawlana, aussi bien de mon amour que j’ai et l’ai toujours pour Eva et Mawlana.


Pour conclure j’aimerai juste rajouter ceci : Eva était comme une lumière dans mon cœur et elle a voulu qu’on réalise son souhait qui était l’enterrement près de son maître Mawlana à Konya. Aujourd’hui son vœu s’est réalisé ou elle pourra reposer en paix. Elle nous a laissé néanmoins un message fraternel qui était le rassemblement de ses quelques amis proches. C’est grâce à ma chère sœur Mukerrem AY que j’ai rencontré Eva et grâce à Eva que j’ai rencontré Aicha Sassi, Amina Hassan, Betoule Lambiotte, Colette Nour Brahy, Mahmoud Azab et c’est grâce à elle que nous sommes ici à konya aussi bien pour son enterrement mais aussi la commémoration de la nuit de noce de Mawlana


Merci ma chère Eva, a présent tu m’a donné cet amour pour le soufisme, cet amour pout ton maitre spirtuel Mawlana, merci Eva d’avoir trouver le cœur de ma religion qu’est le soufisme, merci Eva de m’avoir montré le droit chemin a travers le dhikr , a travers cet amour que j’ai pour notre grand Divin, Allah. Merci Eva, car le message que tu m’a transmis , je l’ai fait de même de génération en génération à mes chers et respectueux amis présent avec moi au cimetière à Thiais.


Que la Paix d’Allah te protège

Amin

Yildiz AY

jeudi 29 janvier 2009

Biographie

Née le 5 novembre 1909 à Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne, Eva Lamacque de Vitray est issue d'un milieu aristocratique. Elle a suivi sa scolarité dans des établissements catholiques et opta pour une licence de droit, avant d'entamer un doctorat de philosophie avec pour sujet La symbolique chez Platon.
A l'âge de 22 ans, elle épouse Lazare Meyerovitch, d'origine juive lettone. Elle devient jeune administrateur au laboratoire de Frédéric Joliot-Curie, avec qui elle s'échappe de Paris en 1940 lors de l'occupation allemande. Elle reste retirée en Corrèze pendant la guerre alors que son mari fait partie des Forces Françaises Libres .
Après la Libération , elle entre au CNRS où elle devient rapidement directrice du service "Sciences humaines" et gagne sa vie en faisant des traductions. Elle fait la connaissance de Louis Massignon, avec qui elle restera très liée et qui la soutiendra lors de la mort brutale de son mari, au début des années 50.
Elle découvre l'islam à travers le livre du penseur et poète Muhammad Iqbal, Reconstruire la pensée religieuse de l'islam. Après trois années d'exégèse chrétienne à la Sorbonne, elle se décide à devenir musulmane. Elle s'intéresse de très près à l'œuvre du poète persan Jalâl ud Dîn Rûmî (1207-1273) qui va la sensibiliser sur la dimension mystique de l'islam, le soufisme. Par la suite, elle se lance dans l'apprentissage du persan et publie peu après ses premières traductions de Muhammad Iqbal et de Jalâl ud Dîn Rûmi.
En 1968, elle soutient sa thèse de l'Université de Paris avec comme sujet : Thèmes mystiques dans l'oeuvre de Jalâl ud Dîn Rûmî. De 1969 à 1973, elle est détachée au Caire en tant qu’enseignante à la prestigieuse université « al Azhar ». En 1971, elle effectue le pèlerinage à La Mecque et visite également Médine.
Depuis 1972 jusqu'à sa mort, elle publie régulièrement des traductions commentées de Rûmi ainsi que des ouvrages en tant qu'auteur sur l'islam, le soufisme et les Derviches Tourneurs. En 1990, elle publie la traduction de Mathnawi de Rûmi, une oeuvre colossale de 50 000 vers et 1 700 pages qui est traduite pour la première fois en français.
Parallèlement à son parcours d'intellectuelle, elle poursuit une quête personnelle qui la conduit à rencontrer de nombreuses personnalités engagés dans le soufisme comme Amadou Hampâté Bâ, Najm Oud Din Bammate, Khaled Bentounès ou Faouzi Skali. C'est par l'intermédiaire de ce dernier qu'elle rencontre, en 1985 au Maroc, un guide spirituel soufi vivant,Sidi Hamza al Qâdiri al Boutchichi, dont elle suivra l'enseignement jusqu'à sa mort. Elle est également très active en tant que conférencière pour exposer ses connaissances en France et à l'étranger sur Rûmî, l'islam et le soufisme. Elle enregistre plusieurs émissions pour France Culture et pour la télévision. En 1998,au cours de sa dernière conférence en Turquie, elle émet le souhait d’être enterrée à Konya.

Elle s'éteint le 24 juillet 1999, dans son appartement de la rue Claude Bernard à Paris. Elle est inhumée dans la plus stricte intimité à Thiais , en région parisienne. A partir de 2003, des démarches sont effectuées pour transférer sa dépouille à Konya et aboutissent en 2008.







photos Ş. Kucur


Le 17 décembre 2008, une cérémonie officielle accompagne la mise en terre du cercueil d’Eva de Vitray-Meyerovitch à Konya, face au mausolée de Rûmi.