jeudi 5 avril 2018

IMPRESSIONS DE TIRANA


Rédigé par Clara Murner, 25 Mars 2018

Du 18 au 23 mars 2018, j’étais à Tirana, patrie de Mère Teresa, pour un séminaire académique.
C’était la première fois que je mettais les pieds dans les Balkans, en Albanie et à Tirana, où je ne connaissais absolument personne.
Après un voyage épuisant comme savent l’être les voyages en avion, la première découverte de ce pays est une impression de pureté (de l’air en sortant du petit aéroport de taille humaine) et de simplicité (des contacts humains).
Pendant tout le séjour, cette impression de simplicité des contacts humains se confirme. Tous absolument tous les Albanais rencontrés ont été d’une gentillesse, d’une convivialité, d’une amabilité sans failles, depuis les passants rencontrés, les conducteurs de bus, les commerçants, les employés de l’hôtel et des restaurants. Pas besoin de journée mondiale décrétée par l’UNESCO pour promouvoir ici le Vivre Ensemble. Il semble que cette valeur soit solidement implantée dans le cœur des Albanais, jeunes ou âgés. Comme il semble que soit bien implantée l’amour de la nature, le respect de la diversité et de l’environnement. Tirana est une ville-jardin très agréable où on se sent immédiatement bien. Malgré les nombreux travaux d’aménagement en cours, le plan d’urbanisme de l’architecte italien Bozio de 1935 donne à la ville un aspect ouvert, avec de nombreux espaces végétalisés et une parfaite interconnection entre les parties modernes et les dédales de la ville orientale. Un cas exceptionnel selon Armand Vokshi, de l’Ecole d’Architecture et d’Urbanisme de Tirana, avec une réorganisation de la ville qui met les mosquées, anciennes ottomanes ou récentes, au cœur du tissu urbain.

A l’origine, Tirana était une petite agglomération qui s’est transformée en capitale au 19e siècle, attirant une population rurale des environs. Cette ambiance rurale, qui fait le charme de Tirana, se ressent dans les espaces verts (vraiment bien verts car il pleut beaucoup dans la région), espaces totalement ouverts à toute heure du jour et de la nuit, sortes de grandes friches végétales urbaines, plantées de ci-delà de fleurs, de plantes aromatiques ou de légumes (j’ai vu des personnes en train de planter des pommes de terre). Chaque petit espace libre est ainsi occupé au maximum par des cultures, comme chaque café (et ils sont innombrables) comporte des terrasses et des pergolas qui croulent sous les plantes. On a ainsi l’impression merveilleuse de traverser une ville parsemée de jardins ouvriers. La population, qui est très pauvre a-t-elle la possibilité de récupérer ces végétaux ? On l’espère ! En tout cas, on ne voit personne qui dort dans la rue et les quelques mendiants ne tendent jamais la main, ils sont bien trop occupés à de petites taches manuelles, couture, tricotage, réparations, etc. J’ai même vu une dame qui recousait un sac en papier !
Oui, pas de gaspillage dans cette société, pas de surplus non plus, on consomme le nécessaire et on répare un maximum. Les petites boutiques de réparations fleurissent un peu partout, lunettes, vélos, bricolages en tout genre ne posent aucun problème.
Pas besoin d’associations pour organiser tout ça, la société semble toute entière organisée ainsi, on est dans une vie simple et vraie, avec de vraies valeurs et non dans une consommation à tout crin. Last but not least, le voyageur venu d’ailleurs est traité en être humain, non en touriste. Les prix sont affichés partout et personne n’essaie d’arnaquer, ils n’y songent même pas. Avec mes quelques mots d’albanais appris à la hâte dans mon livre de conversation (le dernier disponible chez Gibert), d’ailleurs, on me prenait pour une Albanaise. Les gens se sentent honorés d’avoir des visiteurs étrangers, comme cet employé de la Galleria de peinture albanaise qui m’a fait entrer gratuitement dans le musée car « on voyait que j’étais vraiment intéressée par la peinture albanaise ». Ce qui devait être chose rare car j’étais la seule visiteuse ! 
Tirana est une ville orientale où se sent bien et parfaitement intégré, même venu de l’occident. C’est étonnant et exceptionnel comme on se sent à la fois ailleurs et pas du tout dépaysé. On ne peut que souhaiter que cette belle ambiance perdure malgré les progrès de la modernisation.
  

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