Une relative stabilité s’est
instaurée dans la région de Tombouctou depuis 2013 grâce à la MINUSMA, mission
des Nations Unies au Mali. La vie a donc progressivement repris son cours, même
si la situation est encore instable dans les environs de la ville.
Le 18 juillet 2015, Madame Irina
Bokova, directrice générale de l’UNESCO inaugurait les principaux mausolées de
la ville des 333 saints. Depuis cette date, quatre bibliothèques privées ont
été réhabilitées grâce, notamment, à l’action du responsable du patrimoine de
la ville, Ben Essayouti El-Boukhari. Ce dernier suit aussi de près notre
partenariat avec la bibliothèque «Mohamed Tahar» dans le quartier
de Sankoré. Le succès remporté par le financement participatif «L’or de
Tombouctou» que nous avons lancé en 2015 a en effet permis d’entreprendre
des travaux l’été dernier. Le 12 janvier 2016, la nouvelle plaque était posée
et la bibliothèque ouvrait de nouveau ses portes.
Maître d’arabe et responsable de la bibliothèque et de ses 2 000 manuscrits, Abdoulawahid Haidara a maintenant deux
objectifs : redonner vie au patrimoine familial qui lui a été confié et faciliter
l’accès à ses manuscrits. Avec le soutien de la Fondation Singer Polignac, Abdoulwahid
et Waly Haidara ont commencé à effectuer le tri et l’inventaire d’une sélection
de manuscrits, encore rangés dans des malles.
Abdoulwahid nous a d'abord confié la numérisation d’un traité
inédit auquel il tient tout particulièrement: la Risala l-Maymuniyya fī tawhid al-jurumiyya. Ce commentaire ésotérique d’un
célèbre traité de grammaire est rédigé par Ibn Maymūn (m. 917/1511) qui y traite des relations entre
maître et disciple. Il est en cours d’édition et de traduction.
En l’absence sur place de
matériel performant, nous avons pris le pari de procéder
à la numérisation des manuscrits avec des moyens locaux : un statif, fabriqué par un
artisan de Tombouctou, et un iphone 4S. Des réunions régulières sur skype
permettent de préparer ensemble le travail en amont. Seront en priorité
photographiés les manuscrits les plus anciens ou les plus abimés, puis les
traités et commentaires de droit musulman, les fatawa, les contrats et
les correspondances ou encore les traités d’histoire locale. Ces textes pourront en effet être étudiés par les membres de la section arabe de l’institut de recherche et d’histoire
des textes du CNRS. Si les manuscrits de Tombouctou sont un trésor que
la communauté internationale souhaite préserver, leur contenu est encore très
peu exploité par les chercheurs. Partager, faire connaître et transmettre les
textes, voilà le but actuel de notre partenariat, en suivant l’exemple d’Eva de
Vitray-Meyerovitch.
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