Un recueil de textes publiés entre
1956 et 1989 par Eva de Vitray-Meyerovitch1
dans des revues disparues depuis vient d’être édité à titre
posthume. Une preuve de plus démontrant combien la vision de cette
brillante islamologue apporte aux lecteurs d'aujourd’hui une
nourriture spirituelle précieuse.
Femme en quête d’absolu ne
dissimulant pas son adhésion à l’islam, administratrice puis
chercheuse au département des Sciences Humaines au CNRS ( Centre
National de la recherche Scientifique) : voilà des qualités
habituellement difficilement compatibles dans un pays comme la
France, où le sacré a perdu depuis Descartes la place qu’il y a
pourtant occupé pendant des siècles. C’est ce défi
qu’humblement, sans faire de vagues médiatiques, Eva de
Vitray-Meyerovitch ( 1909-1999) a réussi de façon magistrale.
Magistrale ? Oui parce que
l’immense travail de traduction réalisé par cette islamologue
engagée est et sera utile encore à de nombreuses générations
d’êtres en quête de spiritualité authentique.
Dans ce recueil composé par Jean-Louis
Girotto qui, pour chaque texte exhumé, prend le soin de resituer la
revue de référence dans son contexte historique, la tradition
d’ouverture qui caractérise l’œuvre de la traductrice de
Djalal ed Dine Rûmî et Mohammed Iqbal se manifeste quelque soit le
sujet abordé : « si Muhammad est le « Sceau des
prophètes », écrit Eva de Vitray dans un article sur le temps
et la mystique en islam, mettant le point final à la série des
Envoyés de Dieu qui l’ont précédé, la teneur fondamentale de la
Révélation apportée par chacun d’eux est identique »…
Sa formation occidentale de philosophe
combinée avec une connaissance pointue des arcanes de l’islam ont
donné Eva de Vitray une place de choix : n’a-t-elle pas
étonné les enseignants d’El Azhar au Caire, où elle a enseigné
pendant cinq ans la philosophie comparée, par ses connaissances et
sa largeur de vues?
Qu’il s’agisse
des secrets du temps, résidant dans la saveur de l’instant qui
relie au sacré, du bel universalisme de Rûmî sur le mausolée
duquel, à Konya en Turquie, se recueillent les différentes
traditions du Livre, ou encore du sens de la mesure d’un Ghazâlî
quand elle s’intéresse à l’approche symbolique du Coran pour
laquelle le revivificateur de la religion a préconisé l’approche
extérieure et l’approche intérieure, chaque sujet abordé est
l’occasion pour l’auteure de revisiter les idées reçues,
d’approfondir les images symboliques, de redonner du sens à une
religion pourtant depuis beaucoup instrumentalisée par des
idéologies réductrices.
Poétique de l’islam, humilité du
croyant, les traces d’Abraham, le sens profond des contes soufis,
la présence de Rûmî dans son héritage, la soif du pur amour en
islam… tels sont les sujets abordés dans ce recueil, permettant au
lecteur de constater à quel point l’inlassable chercheuse a
contribué à ce qui pourrait apparaître dans les années à venir
comme la vision renouvelée de la profondeur de l’islam. Une vision
à l’actualité plus brûlante que jamais quinze ans après la mort
de cette femme d’exception.
Marie-Odile Delacour
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