Rûmî: un maître universel
Le 2 décembre prochain, à Paris, l' association "
Les Amis d'Eva de Vitray Meyerovitch" célèbre les "noces" du
grand poète mystique de langue persane ( XIIIème siècle) en invitant trois
spécialistes à méditer sur son œuvre, traduite en français par Eva de Vitray
Meyerovitch à la fin du vingtième siècle. Cette dernière rendait enfin
accessible aux lecteurs francophones un trésor ignoré d'eux pendant près de
huit siècles.
Le Mathnawi
"Somme spirituelle, comédie humaine et divine, apogée
de la poésie mystique musulmane (…) à qui il ne manque aucun élément nécessaire
à une étude générale sur la vie, la pensée et l'origine de la pensée ",
écrit la traductrice dans son introduction au Mathnawi. Rûmî s'y révèle non
seulement poète inspiré, mais aussi un commentateur du Coran comme nul autre
pareil. Les contes, les allusions, les suggestions, les conseils, les mises en
garde, les envolées lyriques ou les traits subtils brûlant d'amour mystique
sont agencés de telle façon que le lecteur suit sans forcément s'en rendre
compte un vrai parcours spirituel. Jamais Rûmî n'assène de vérité définitive,
il suggère, contredit, détourne l'attention pour mieux la dérouter et
finalement amène en douceur le lecteur à affiner ses propres critères, à oser
penser par lui-même. Une démarche trop rare en islam où, comme dans de
nombreuses religions, beaucoup sont
tentés de penser à la place des autres,.
Les Noces
A sa mort, le 17 décembre 1273, la dépouille du poète,
simplement enveloppée d'un drap sans couture selon la tradition, fut suivie
dans les rues de Konya en Turquie, où il vécut la grande partie de sa vie, par
des musulmans, des juifs et des chrétiens, qui tous d'un seul cœur désiraient
rendre hommage à leur maître. Au-delà des formes parfois étroites des religions,
les mots de Rûmî touchent tous les cœurs avides de dépassement. Pour lui la
mort fut une fête, toujours célébrée en Turquie où l'on évoque encore "les
noces" de Rûmî avec Dieu, c'est-à-dire, l'union tant recherchée au cours
de sa vie sur les traces du maître qui lui enflamma le cœur d'amour mystique :
Chams ed dine de Tabriz.
Trois éclairages
Les Amis d'Eva de Vitray-Meyerovitch, une association créée
en 2009, l'année du centenaire de sa naissance et du dixième anniversaire de sa
mort à Paris, ont invité trois éminents
chercheurs spécialisés dans le soufisme. Le premier, Fra Alberto Fabio
Ambrosio, dominicain et spécialiste du soufisme turc, vit et enseigne à
Istanbul. Il évoquera l'histoire de la fondation des derviches tourneurs à
Konya et la vivacité du souvenir de Rûmî en Turquie. Leïli Anvar,
franco-iranienne, enseignante à l'Inalco, s'interrogera sur les effets de la
lecture de cette œuvre sur ceux qui s'y engagent. Eric Geoffroy, enfin, auteur
de nombreux ouvrages sur le soufisme, s'intéressera à l'influence de Rûmî sur
la pensée d'Eva de Vitray-Meyerovitch, à partir de son introduction sus-citée.
M-O. D-H, association
Les Amis d'Eva de Vitray
" Lire Rûmî", Table ronde, dimanche 2 décembre
2012, Forum Vaugirard, 104 rue de Vaugirard, 75006 Paris